Registre des assemblées générales : obligations, tenue et dématérialisation
Le registre des assemblées générales est le support officiel qui retrace, de manière chronologique, les décisions prises par les associés ou actionnaires d’une société. Il rassemble les procès-verbaux des assemblées ordinaires et extraordinaires, leur donne une valeur probante et constitue un socle de conformité pour l’entreprise.
Au-delà du formalisme, un registre bien tenu sécurise la gouvernance, fluidifie les opérations stratégiques (levée de fonds, LBO, transmission, actionnariat salarié ou familial) et rassure investisseurs, auditeurs et partenaires. L’objectif de ce guide est de présenter, de façon opérationnelle, les obligations applicables, les bonnes pratiques de tenue – papier ou électronique – et les principaux risques en cas de non-conformité.
Qu’est-ce que le registre des assemblées générales ?
Définition et rôle du registre
Le registre des assemblées générales regroupe les procès-verbaux (PV) des décisions prises en assemblée générale ordinaire (AGO), extraordinaire (AGE), mixte ou, plus largement, dans toute configuration prévue par les statuts. Pour chaque réunion, il retrace l’ordre du jour, les résolutions, les résultats des votes et les signatures requises.
En cas de contrôle ou de litige, ce registre constitue une preuve chronologique et opposable des décisions sociales. Il matérialise le « carnet de bord » des grandes orientations de la société : approbation des comptes, affectation du résultat, nominations, opérations sur capital, plans d’intéressement, etc.
Pourquoi le registre des assemblées générales est-il obligatoire ?
La tenue du registre des assemblées générales résulte des exigences du Code de commerce et des textes applicables aux sociétés commerciales et civiles. Toute société doit pouvoir justifier, pièces à l’appui, des décisions prises par ses organes sociaux.
Concrètement, le registre permet :
- de démontrer la régularité des décisions vis-à-vis des associés, des tiers et de l’administration ;
- de sécuriser les opérations de restructuration, de levée de fonds ou de transmission ;
- de faciliter le travail des auditeurs (commissaires aux comptes, investisseurs, conseils externes).
Tenir un registre conforme, à jour et exploitable est donc autant une obligation légale qu’un enjeu de gouvernance. Pour une vision d’ensemble des règles applicables aux registres sociaux tenus en ligne, il est utile de se référer à le guide du registre dématérialisé.
Qui est responsable de la tenue du registre ?
La responsabilité de la tenue du registre incombe aux dirigeants sociaux : gérant, président, conseil d’administration ou de surveillance, selon la forme de la société. Ils peuvent déléguer la gestion opérationnelle (secrétariat juridique, direction juridique, conseil externe), mais demeurent responsables de la régularité, de la conservation et de la mise à jour du registre.
Dans les groupes, la coordination entre les entités est essentielle : une décision prise au niveau de la holding ou d’une filiale doit être correctement retracée dans les différents registres concernés, en cohérence avec la structuration capitalistique et la gestion des assemblées, notamment en matière de gouvernance et de la gestion de vos droits de vote et des dividendes.
Mentions obligatoires et contenu du registre
Informations devant figurer dans chaque procès-verbal
Pour conserver sa valeur probante, chaque procès-verbal inscrit dans le registre doit comporter un socle de mentions obligatoires. En pratique, on retrouve notamment :
- la date, l’heure et le lieu de l’assemblée ;
- la nature de l’assemblée (AGO, AGE, mixte, décisions de l’associé unique, etc.) ;
- l’ordre du jour et le texte des résolutions soumises au vote ;
- les modalités de convocation et le rappel du quorum, le cas échéant ;
- la composition de l’assemblée (présents, représentés, pouvoirs) et les résultats des votes ;
- les décisions adoptées ou rejetées ;
- les signatures requises (président de séance, membres du bureau, associé unique…).
Dans les SARL et SAS, la pratique reste très marquée par le registre papier : les feuillets utilisés pour rédiger les PV doivent être numérotés, cotés et paraphés par l’autorité compétente (greffe, juge, maire). Même lorsque la société opte pour une organisation plus souple (feuilles mobiles rangées dans un classeur), ces exigences de forme continuent de s’appliquer.
Pièces annexes à conserver avec le registre
Le registre ne se limite pas au texte des PV. Pour documenter la régularité des décisions, il doit être complété par l’ensemble des pièces annexes :
- convocations, courriers ou e-mails d’information adressés aux associés ou actionnaires ;
- feuilles de présence et pouvoirs ;
- rapports présentés à l’assemblée (rapport de gestion, rapport du commissaire aux comptes, notes explicatives) ;
- éventuels supports (présentations, tableaux de répartition du capital, documentation de plans d’instruments financiers).
Conserver ces pièces dans un même environnement sécurisé facilite les contrôles internes, les audits et la constitution de data rooms. Une solution dédiée à la gestion documentaires juridiques permet, par exemple, de lier chaque décision à ses pièces justificatives et de retrouver rapidement l’historique complet d’une opération.
Cohérence avec les statuts, délégations et registres de titres
La valeur du registre repose aussi sur sa cohérence avec les autres documents de gouvernance : statuts mis à jour, pactes d’actionnaires, délégations de pouvoirs ou de compétences, registres de mouvements de titres, table de capitalisation. Toute décision inscrite au registre doit pouvoir être reliée à ces éléments.
C’est particulièrement décisif lorsque la structure capitalistique évolue (attributions de titres ou d’options, conversions, transferts, opérations intra-groupe). Un suivi rigoureux limite les risques de contestation et de blocage lors d’une transaction impliquant la cap table.
Tenue et conservation du registre des assemblées générales
Procédure de tenue : chronologie, signatures et archivage
Les procès-verbaux doivent être inscrits dans l’ordre chronologique et conservés de façon durable. Le registre doit offrir une vision continue de la vie sociale de la société : chaque opération importante (approbation des comptes, affectation du résultat, nomination, opération sur capital, mise en place d’un plan d’actionnariat salarié) doit être retracée avec ses pièces justificatives.
Les bonnes pratiques recommandent notamment :
- de rédiger le procès-verbal immédiatement après l’assemblée pour éviter les oublis ou incohérences ;
- de vérifier les signatures requises avant l’inscription au registre ou la clôture de la version électronique ;
- de conserver les originaux signés dans un environnement sécurisé, en cohérence avec la version dématérialisée le cas échéant.
Durée de conservation et contrôle interne
Les textes imposent une conservation minimale de plusieurs années (souvent 6 ans pour certaines obligations). En pratique, il est fortement recommandé de conserver le registre – et ses pièces – aussi longtemps que la société existe, afin de disposer d’un historique complet des décisions sociales.
La mise en place d’un contrôle interne simple (révision périodique du registre, rapprochement avec les statuts et les registres de titres, préparation systématique des dossiers en vue d’un audit) permet de détecter les incohérences et de les corriger avant qu’elles ne deviennent bloquantes.
Spécificités selon la forme juridique
Les obligations de forme varient selon le véhicule juridique :
- en SARL et en SAS, les procès-verbaux sont rédigés sur des feuillets numérotés, cotés et paraphés, puis conservés au siège social ;
- en EURL et SASU, les décisions de l’associé unique sont consignées dans un registre spécifique, avec un formalisme simplifié mais toujours encadré ;
- dans les groupes, la coordination entre registres (holding, filiales, joint-ventures) est un enjeu pratique majeur, notamment lorsque plusieurs niveaux d’assemblées interviennent sur une même opération.
En cas de contrôle ou d’audit, un registre incomplet peut être analysé comme un défaut de gouvernance ou, dans certaines situations, comme une faute de gestion pour le dirigeant.
Registre papier ou registre électronique : quel format choisir ?
Comparatif entre registre papier et registre dématérialisé
Depuis les réformes récentes, la tenue du registre sur support électronique est admise, sous réserve de respecter des exigences de sécurité et de traçabilité. La pratique distingue aujourd’hui deux formats :
| Critère | Registre papier | Registre électronique |
|---|---|---|
| Tenue et mise à jour | Rédaction manuelle ou impression, reliure, ratures à proscrire. | Rédaction assistée, workflows de validation, historisation des versions. |
| Conservation | Stockage physique au siège, risque de perte ou de détérioration. | Archivage numérique, sauvegardes, redondance géographique possible. |
| Traçabilité | Basée sur les signatures manuscrites et la cote des feuillets. | Horodatage et journalisation des actions, gel des versions importantes. |
| Accès et partage | Consultation sur place, reproduction manuelle ou numérisation. | Accès en ligne pour les personnes habilitées, partage contrôlé. |
| Préparation des opérations stratégiques | Compilation parfois longue avant un audit ou une transaction. | Recherche facilitée, génération rapide de dossiers d’audit ou de data rooms. |
La même logique de digitalisation peut être appliquée aux autres registres obligatoires, notamment lorsque l’entreprise souhaite digitalisez votre registres de mandats sociaux et disposer d’une vision globale des mandats et délégations en cours.
Avantages de la dématérialisation du registre
Opter pour un registre dématérialisé permet de sécuriser la tenue du registre tout en simplifiant le quotidien des équipes juridiques et financières :
- préparation des assemblées accélérée grâce aux modèles et à la saisie assistée ;
- mise à jour homogène dans l’ensemble du groupe, avec un référentiel unique ;
- accès sécurisé à distance pour les parties prenantes habilitées (direction, actionnaires, conseils, auditeurs) ;
- constitution plus rapide des dossiers d’audit et des data rooms en vue d’une levée de fonds ou d’une cession.
Combinée à d’autres briques de digitalisation des registres sociaux, la dématérialisation du registre des assemblées générales contribue à fiabiliser la preuve des décisions et à fluidifier le dialogue avec les partenaires financiers ou stratégiques.
Conditions de sécurité et de traçabilité du registre électronique
Pour être conforme, un registre électronique doit respecter un ensemble de garanties techniques :
- hébergement dans un environnement sécurisé, avec sauvegardes régulières ;
- chiffrement des données en transit et, le cas échéant, au repos ;
- gestion fine des droits d’accès (profils, périmètre d’information, journal des connexions) ;
- journalisation exhaustive des actions : création, modification, validation, consultation, export.
Combinées à une politique de signature électronique adaptée, ces garanties renforcent la valeur probante des décisions consignées dans le registre et facilitent leur contrôle, y compris plusieurs années après.
Registre des assemblées générales et opérations stratégiques
Levée de fonds et due diligence investisseurs
Lors d’une levée de fonds, le registre des assemblées générales figure systématiquement dans la liste des documents demandés par les investisseurs. Il doit permettre de reconstituer la chronologie des décisions ayant structuré le capital et la gouvernance : autorisations d’émission, augmentations de capital, délégations, approbation des plans d’instruments financiers, etc.
Un registre clair, complet et cohérent avec les statuts, les pactes et les registres de titres accélère la due diligence et limite les demandes de régularisation. À l’inverse, un registre lacunaire peut conduire à des conditions plus strictes, à des réserves ou à un décalage du calendrier de closing.
Transmission, LBO et actionnariat familial
Dans un LBO ou une opération de transmission, les auditeurs examinent de près l’historique des décisions sociales au niveau de la holding et des entités opérationnelles. Le registre est alors un point de contrôle prioritaire, au même titre que la structure capitalistique et les clauses sensibles des pactes d’actionnaires.
Les mêmes enjeux se retrouvent dans les groupes familiaux, où la stabilité de la gouvernance et la traçabilité des transferts de titres sont essentielles pour gérer votre actionnariat familial dans la durée, organiser les transmissions et limiter les sources de conflits futurs.
Actionnariat salarié, stock-options et BSPCE
L’actionnariat salarié (stock-options, BSPCE, actions gratuites, actions de performance) implique une succession de décisions formelles : création de plans, autorisations d’émission, attributions, modifications éventuelles, constats d’augmentation de capital. Chacune de ces étapes doit être documentée dans le registre.
Un registre précis, relié à un outil de suivi de la gestion l'actionnariat salarié et BSPCE, facilite la preuve des droits des bénéficiaires, la communication avec les équipes et la préparation des audits (comptables, fiscaux ou investisseurs).
Pourquoi structurer et dématérialiser son registre avec une solution dédiée ?
Structurer et dématérialiser le registre des assemblées générales permet de concilier conformité, efficacité opérationnelle et lisibilité pour les parties prenantes. Une solution spécialisée offre notamment :
- des modèles de PV alignés avec la pratique des opérations corporate ;
- des workflows de validation et de signature adaptés à la gouvernance de la société ;
- un référentiel documentaire centralisé, partageable en quelques clics avec les conseils et auditeurs ;
- une vision consolidée des décisions dans le temps, utile pour piloter les opérations sur le capital, les financements et les dispositifs d’intéressement.
Combinée à d’autres outils de suivi des titres et des mandats, cette approche permet d’aligner la tenue du registre avec les enjeux de structuration capitalistique et de gouvernance, qu’il s’agisse de startups en croissance, de groupes ou de sociétés familiales.
Enfin, l’intégration du registre avec les outils de gestion de l’actionnariat et des titres simplifie la lecture globale de la structure de l’entreprise, depuis les décisions des assemblées jusqu’à la répartition effective du capital et des droits.
FAQ – Registre des assemblées générales : questions fréquentes
Est-il légal de dématérialiser son registre des assemblées générales ?
Oui. Les dernières réformes ont expressément ouvert la possibilité de tenir le registre des assemblées générales sur support électronique, à condition de respecter des exigences strictes de sécurité et de traçabilité. Le registre électronique doit permettre d’horodater les décisions, de tracer les actions (création, validation, modification, consultation) et de garantir l’intégrité des procès-verbaux et des signatures.
La dématérialisation ne dispense pas du respect du formalisme des assemblées (convocation, quorum, mentions obligatoires dans les PV), mais elle offre un cadre plus robuste pour la conservation et la preuve que le seul registre papier.
Peut-on passer d’un registre papier à un registre électronique ?
Il est possible de migrer d’un registre papier vers un registre électronique, à condition d’organiser la transition de façon structurée. La pratique consiste en général à recenser les registres existants, à vérifier leur complétude, puis à numériser et indexer les procès-verbaux dans une solution sécurisée. Les nouveaux PV sont ensuite directement créés et validés dans ce registre électronique.
La migration est souvent l’occasion de régulariser certaines décisions, de mettre à jour les statuts et de centraliser les registres sociaux. Elle facilite ensuite la préparation des audits, des levées de fonds ou des opérations de transmission.
Qui est responsable de la tenue du registre des assemblées générales ?
La responsabilité de la tenue du registre revient aux dirigeants sociaux : gérant, président, conseil d’administration ou de surveillance, selon la forme de la société. Ils peuvent déléguer la gestion opérationnelle à un secrétariat juridique ou à un conseil externe, mais restent responsables, vis-à-vis des associés et des autorités, de la régularité, de la conservation et de l’accessibilité du registre.
Dans les groupes, cette responsabilité s’inscrit dans un dispositif de gouvernance plus global, qui inclut également la tenue des registres de titres, le suivi des mandats sociaux et la coordination des décisions au niveau de la holding et des filiales.
Combien de temps faut-il conserver le registre des assemblées générales ?
La durée minimale de conservation des registres et procès-verbaux est généralement de plusieurs années (souvent 6 ans pour certaines obligations), mais la pratique recommande de les conserver aussi longtemps que la société existe. Les décisions anciennes peuvent redevenir pertinentes à l’occasion d’une levée de fonds, d’une cession, d’un contrôle ou d’un litige.
Une conservation de long terme plaide pour une organisation structurée du registre et des pièces annexes, avec un classement clair et une capacité à reconstituer rapidement l’historique des décisions depuis la création de la société.
Quelles sont les conséquences d’un registre non conforme ?
Un registre incomplet, irrégulier ou incohérent fragilise la validité des décisions sociales. Dans les situations les plus sensibles, cela peut conduire à la contestation, voire à la nullité de certaines résolutions, à des réserves lors d’une due diligence ou à des difficultés accrues lors d’un contrôle fiscal ou social.
Le défaut de tenue du registre peut également être analysé comme une faute de gestion du dirigeant. À l’inverse, un registre structuré, aligné avec les statuts, les registres de titres et les dispositifs d’actionnariat, constitue un atout majeur pour sécuriser les opérations stratégiques et les relations avec les partenaires financiers.




