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Actionnariat salarié France–États-Unis : maîtriser BSPCE, ISO et valorisation transatlantique

Cet article vous guide pas à pas sur les équivalences, les enjeux de vesting, la structuration des plans entre filiale française et topco américaine.

Actionnariat salarié France–États-Unis : maîtriser BSPCE, ISO et valorisation transatlantique

Dans un contexte où de plus en plus de startups et scale-ups françaises se développent à l’international — notamment aux États-Unis —, la mise en place de plans d’actionnariat salarié transatlantiques devient une véritable question stratégique. Que vous soyez dirigeant, juriste ou DRH, comprendre les différences entre BSPCE, BSA, AGA d’un côté, et ISO, NSO ou RSU de l’autre, est essentiel pour attirer, fidéliser et motiver les talents, tout en restant conforme aux exigences fiscales et juridiques locales.

1. Comprendre les mécanismes de stock-options : France vs États-Unis

BSPCE vs ISO : une logique early stage

Les BSPCE en France et les ISO aux États-Unis sont des outils d'intéressement très prisés en phase de démarrage. Ils visent principalement les salariés, avec une fiscalité avantageuse à la cession. Toutefois, leur cadre juridique diffère :

  • BSPCE : attribués aux salariés/dirigeants de sociétés non cotées de moins de 15 ans, valorisées sous 150 M€, avec une détention capitalistique significative par des personnes physiques. Pour en savoir plus sur la gestion de l'actionnariat salarié et BSPCE, découvrez la solution Uplaw dédiée.

  • ISO : réservés aux salariés de sociétés américaines, plafonnés à 100 000$ exerçables par an. L'exercice doit se faire à une juste valeur, documentée par un rapport de valorisation type 409A.



BSA vs NSO : plus de souplesse

Les BSA (France) et NSO (US) visent un public plus large : freelances, prestataires, consultants. Ils sont souvent utilisés en complément des plans réservés aux salariés.

En France, les BSA peuvent comporter un prix de souscription (10 à 20 % du sous-jacent), alors qu’aux US, les NSO sont généralement gratuits. La fiscalité est moins favorable (IR + plus-value à court terme aux US, flat tax de 30 % en France).

AGA vs RSU : l’intéressement sans investissement

En later stage, les actions gratuites (AGA) et RSU (Restricted Stock Units) sont utilisées pour fidéliser des profils stratégiques. La fiscalité porte sur la valeur à l’acquisition/vesting et à la cession.

2. Le vesting : pratiques communes, objectifs partagés

Que ce soit en France ou aux États-Unis, la durée classique de vesting est de 4 ans avec un cliff d’un an, puis acquisition linéaire. Les tendances actuelles incluent :

  • Backloaded vesting (ex : 70 % la dernière année) pour maximiser la rétention.

  • Attributions récurrentes plutôt qu’un seul "package" initial.

  • Milestone vesting lié à des objectifs précis (CA, nombre de clients, etc.).

Côté sortie, la période d’exercice post-départ tend à passer de 3 mois à 6 ou 12 mois, bien que cela puisse complexifier les exits pour les fondateurs.

3. Structurer un plan d’actionnariat salarié entre la France et les US

Modèle le plus courant : US Topco > filiale française

Depuis 2020, la loi française autorise une société étrangère à émettre des BSPCE à destination de salariés français, sous réserve du respect des conditions d’éligibilité.

L’avantage : la structure US Topco permet un contrôle intégral du capital en vue d’un futur exit. La création d’un subplan BSPCE intégré au plan global américain est requise, avec une conformité aux règles fiscales françaises.

4. La valorisation du prix d’exercice : 409A, juste valeur et décote

409A (US) vs doctrine fiscale (FR)

Les deux régimes convergent autour d’un même principe : fixer le prix d’exercice à la juste valeur de l’action ordinaire. Cette valeur est distincte du prix de levée de fonds (actions préférentielles) et nécessite une décote justifiée.

Les deux grandes décotes à appliquer :

  • Décote liée à la liquidation préférentielle : le waterfall donne priorité aux investisseurs. Une action ordinaire vaut souvent 30 à 60 % moins que l’action de la dernière levée.

  • Décote de liquidité : liée à l’absence de marché secondaire, à l’incessibilité des titres et aux clauses de lock-up. Cette décote peut atteindre 30 à 50 % supplémentaires.

Total : une décote cumulée pouvant aller jusqu’à 90 %, comme documenté dans certains rapports.

5. Flip : structurer un groupe français sous Topco US

Le flip consiste à réorganiser le groupe avec une holding américaine en tête, pour faciliter une levée de fonds ou une sortie. Trois stratégies sont envisageables :

  1. Exercice des BSPCE avant le flip, suivi d’un échange d’actions.

  2. Échange différé (deferred exchange agreement).

  3. Annulation des anciens plans et émission de nouvelles options par la Topco US.

⚠️ Depuis la Loi de finances 2025, un risque de taxation immédiate pèse sur ces opérations, même sans sortie effective. Une clarification du BofIP est attendue.

6. Recommandations et bonnes pratiques

  • Faire appel à un expert pour produire un rapport de valorisation type 409A ou équivalent français.

  • Maintenir la table de capitalisation à jour et structurée est essentiel pour assurer transparence et rigueur dans vos opérations.

  • Documenter chaque décote avec des modèles mathématiques éprouvés (Black-Scholes, Gadarof, etc.).

  • Harmoniser les conditions de plans transatlantiques avec des clauses claires et conformes aux deux législations.

  • Anticiper les effets RH et fiscaux d’une restructuration ou d’un nouveau plan (équitabilité entre salariés, effet d’ancienneté, etc.).



Conclusion

Dans un contexte transfrontalier, la mise en place d’un plan d’actionnariat salarié nécessite une double maîtrise : des mécanismes locaux (BSPCE, ISO…) et des enjeux globaux (valorisation, fiscalité, gouvernance).

Uplaw accompagne les directions juridiques, RH et financières dans la structuration de ces plans, avec une plateforme dédiée au suivi des plans de stock-options, à la tenue de la Cap Table et à la production de rapports de valorisation.

L'équipe produit est composée d'avocats, de juristes, de développeurs et de personnes dédiées au services clients. Ensemble, ils travaillent main dans la main pour vous fournir la meilleure solution d'equity management.

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